Christian Leclercq est l’un des rares bourgmestres à ne pas être sur les réseaux sociaux, qu’il fuit comme la peste.

Bourgmestre de Silly depuis 1999, Christian Leclercq a été plébiscité le 14 octobre dernier par ses concitoyens pour entamer un 4e et dernier mandat à la tête de la commune du Slow Food.

 

Quels seront les derniers grands chantiers qui vous tiennent à cœur de concrétiser avant de tirer votre révérence ?

"La création d’une maison des arts et du terroir au centre de Silly, le relooking du centre du village de Hoves ainsi que l’aménagement d’un béguinage écoquartier dans la Zacc. Je veux aussi faire en sorte que la commune soit un bon exemple de transition écologique."

 

Vous êtes l’un des rares bourgmestres à ne pas être présent sur les réseaux sociaux. Pourquoi ?

"Je n’y suis pas car que je préfère le contact direct. L’exposition de ma vie est déjà bien suffisante au travers des médias. Facekook, c’est une forme de voyeurisme permanent. Cela ne m’intéresse pas trop. Trop de fake news, peu d’analyses objectives, peu de nuances, trop de ragots !"

Le monde d’aujourd’hui vous plaît-il ? Sinon, y a-t-il une époque en particulier durant laquelle vous auriez aimé vivre ?

"L’époque actuelle est chahutée, trouble, instable. Assez paradoxalement, on sent une volonté de changer le monde sans vouloir vraiment changer son quotidien ou revenir sur certains acquis, ni sur sa manière de vivre et de consommer. J’ai beaucoup aimé les années 80. Il y avait beaucoup plus de liberté, plus d’insouciance mais aussi plus de rigueur qu’aujourd’hui."

Que vous inspire le mouvement des gilets jaunes ?

"Tout critiquer sans réel message et sans solutions comme sur les réseaux sociaux, ce n’est pas lisible. Et puis, en Belgique, le mouvement est anecdotique. Mais je veux enchaîner avec les marches des jeunes pour le climat. Si c’est fort bien que la jeunesse s’approprie ce combat, dites-moi pourquoi ils ne manifestent pas le samedi au lieu de sécher les cours le jeudi. J’aurais trouvé plus malin que toutes les écoles en débattent avec des experts, des scientifiques, des références littéraires en intra-écoles. Ce Mai 68 du climat ne m’a pas convaincu. Il faut être dans l’action plutôt que dans la contestation Est-ce que les jeunes ne prendront plus l’avion cet été parce que le kérosène est bon marché et pollue beaucoup ? Je n’en suis pas sûr."

La culture occupe une place très importante à Silly et dans votre quotidien. En quoi celle-ci peut-elle changer le monde et les individus ?

"La culture est par essence une expression de liberté. La défendre et la soutenir me semble essentiel. Elle rapproche les gens, aide à mieux se comprendre, à mieux vivre ensemble."

En tant qu’ancien instituteur, quel regard portez-vous sur l’enseignement en 2019 ?

"D’abord, c’est toujours un vrai plaisir de revoir mes anciens élèves ayant fréquenté l’école communale de Bassilly, où j’ai passé cinq belles années de ma vie. Hélas, l’école a trop changé à mon goût. L’enseignant est aujourd’hui confronté à trop de changements, tant dans la manière d’enseigner que dans la gestion de l’école. Les statistiques montrent que 35 % quittent le métier dans les cinq premières années. C’est interpellant !"

 

Le Slow Food

Pour beaucoup, le Slow Food, dont Silly est par excellence la commune belge pionnière, reste encore un concept abstrait. En rejoignant en 2008 ce mouvement international des communes du bien-vivre et du bien-manger, l’entité administrée par Christian Leclercq a anticipé les grands enjeux qui se posent désormais dans un monde globalisé, pollué, stressant et confronté au péril climatique. "Slow Food parle de plus en plus aux Silliens. Nous avons développé une vraie dynamique de produits locaux. Cela s’est traduit par la création de nouveaux commerces de proximité. Le dernier en date, les 4 Saisons, vient d’ouvrir. Il s’inspire des grands principes du Slow Food visant à promouvoir les circuits courts. À savoir la qualité, la traçabilité, les saveurs mais aussi des projets comme le zéro déchet avec une vente en vrac et sans plastiques."